11 avril 2012

Temps mort

Le temps que l'on consacre à écrire, on ne le passe pas à vivre.
Et inversement.
Et puis il y a ce temps suspendu, la vie entre parenthèses, la plume morte, où on s'abreuve du temps qui passe, des heures, des secondes, la vie des autres, leurs pensées, leurs écrits.
Entre parenthèses. Par procuration. Temps mort.
Temps nécessaire.

27 décembre 2011

Plus rien ne s'oppose à la nuit


Modeste hommage littéraire au magnifique livre de Delphine de Vigan qui m'a émue.

Comment en est-on arrivé là, dis, comment? A ma main sur le téléphone, et mon corps qui tremble, fébrile, fiévreux. Ce corps que je ne contrôle plus et qui cède, lui, avant tout le reste, tout ce reste que je ne m'autoriserais plus à laisser craquer, malgré les larmes sur mes joues, les coupures dans ma voix, que je maintiens calme, si calme. Impossiblement calme. Mon corps ne m'appartient plus mais c'est pour mieux penser, froidement penser. Penser à cette ligne impossible à établir, à cette communication impossible à établir avec toi. Toi. Toi que je n'appelle plus, par peur de te parler, parce qu'il me faut des jours, parfois des semaines pour m'en remettre, avec ce mélange de tristesse, de culpabilité et de colère dont j'entoure toujours ces moments avec toi. Toi que je cherche sans fin au bout du fil aujourd'hui, frénétiquement, par peur de ne jamais, plus jamais te parler. Toi qui t'es coupé de moi, de nous, du monde. Pour mieux souffrir et pour mieux nous faire souffrir aussi. Même si tu t'en défendra après, car j'ose encore y croire à cet instant qu'il y aura un après. Toi qui dérive depuis si longtemps, si longtemps, je m'en rends compte, là, maintenant. Vraiment. Bien avant que j'ai conscience que ce que je prenais pour une normalité - comment peut-on penser que ce qu'on vit n'est pas la normalité – une fatalité, n'était que le signe, les signes, d'un dysfonctionnement. Parce que c'est quoi sinon dysfonctionnel, moi isolée dans cette chambre noire, froide, la tête appuyée contre la fenêtre, regardant les yeux écarquillés l'infinité sombre de cette nuit de noël, alors qu'en bas ils sont tous réunis dans le halos du poêle, à boire à rire et à lever les yeux de temps à autre vers l'escalier, vaguement inquiets, confus quant à ce que je fais là haut et le trouble qu'ils ont perçu en moi quand après moult tergiversations -non pas aujourd'hui, pas encore – j'ai fini par monter pour essayer vainement de te joindre, de joindre la terre entière avant et après toi en priant très fort pour que tu ne sois pas seul. Pas trop. Et surtout, surtout, que tu ne te sois pas foutu en l'air.
Encore.
Alors je parle, calmement, à la terre entière, qui n'est pas dupe mais qui donne le change, pour trouver une solution, une piste de solution, pour percer ta solitude que j'imagine, devine, sens, avec le 6ème sens qu'ont les chiens, ces braves chiens, pour leur maitre, avec cette empathie inutile puisque tu es si loin, si loin et que ça fait si longtemps que j'ai fait en sorte qu'on ne puisse plus s'atteindre, pour arrêter de se détruire et pour que le mal que tu te fasses, sans le vouloir, j'espère toujours sans le vouloir, tu le fasses à toi seul. Alors je parle, le corps soulevé de spasmes, ces maudits spasmes qui me rattachent encore à cette partie de moi que tu arrives à toucher. Et mon cerveau tourne à toute vitesse. Plus vite que d'habitude. Plus vite encore que lorsqu'il a fallut faire face à toutes ces situations, toutes ces situations sans nom qu'il a fallut appréhender vite et bien, sans flancher, jamais, car flancher c'est tomber, sombrer, se perdre sans possibilité de retour et que ça non, ça vraiment non, ce n'est pas possible.
La petite mécanique qui ne s'arrête jamais est lancée à plein régime et tourne, tourne, méprisante du cœur qui s'est arrêté et du corps qui lâche, mollement, faiblement. Elle pèse le pour, le contre et toutes les possibilités. Elle avance inexorablement. Jusqu'au mur.
Voilà.
Ce mur tant redouté et que je connais bien. Ce mur qui m'oblige à le franchir de manière irréparable. Et le calme tout à coup qui s'empare de moi puisque la décision, déjà, fait son chemin, comme les autre fois, comme une évidence. Et le corps qui s'appesantit. Et la voix qui se plombe également, usée, fatiguée comme clouée au sol. Ce dernier appel que je passe, en en connaissant l'issu. Pour me justifier de quoi? Me dédouaner de quoi? M'entendre dire une millième fois que je n'y suis pour rien et que oui, j'ai fait tout ce que je pouvais, mais qu'on n'empêche pas, non, on n'empêche pas les gens de vivre, ni de mourir, comme ils l'entendent? Et qu'il faut l'accepter? Alors une millième fois je ferme les yeux et je fais semblant. Et j'éteins les lumières derrière moi et je rejoins les autres, le bruit, la vie qui continue, ce soir, surtout ce soir. Et je m'entends dire des mots autours du poêle que je m'efforce de croire. Un peu. Parce que là tout de suite je n'ai plus vraiment la force d'être honnête, avec eux ni avec moi-même et qu'il faut bien aller au plus facile parfois, comme respirer. Voilà, ça passe. C'est passé.
Et demain tu m'appelleras, ou pas, et on aura tout oublié ou fait semblant d'oublier. Parce que me mettre en colère ne sert plus à rien, que la nuit est sans fin et que rien ne s'y oppose. Jamais.
Non. Rien ne s'y oppose.

7 décembre 2011

Never let me go

Il y a quelques temps, j''entendais des amis parler du film Never let me go de Mark Romanek. Ne l'ayant pas vu moi-même je les écoutais sans intervenir et m'étonnais des réactions diamétralement opposées que ce long métrage provoquait chez ces deux personnes qui, d'habitude, ont plutôt des goûts communs. Le première n'avait pas du tout aimé: trop long, trop lisse, trop plat, trop mièvre, sans intérêt. Le deuxième, au contraire, avait été frappé par la violence des sentiments et des idées abordées, parlant d'un grosse claque qui l'avait fait longuement réfléchir.

Il n'en fallait pas plus pour me donner envie de me mettre sous un plaid avec un chocolat chaud, un soir d'automne, télécommande à la main.

Et... play!

5 décembre 2011

Le gâteau plage


D’abord, rendons à César ce qui appartient à César, l’idée de ce gâteau n’est pas de moi. Même si il est librement inspiré, il est très ressemblant au gâteau trouvé ici. Je vous recommande d’ailleurs ce site. Les photos donnent l’eau à la bouche et l’auteur a le don de sublimer toutes ses présentations. Comme j’aimerai faire des gâteaux aussi beaux. Las… mon gâteau à moi ressemblait plutôt à ça (vous notez la crise de la tongue ?).
Peu importe, il était très bon !

En voici la recette:

1 décembre 2011

Bon plan mode: mon look en boîte!

Ce n'est pas souvent que je parle mode sur ces pages, ayant un sens nul (voire pire) du beau et du distingué, en particulier en matière d'habillement (ça marche aussi pour la décoration d'intérieur, la mise en page, la photo, enfin tout ce qui demande un sens artistique visuel... je suis définitivement une personne de concepts et d'abstraction) et pourtant ce n'est pas faute d'essayer encore et encore.

29 novembre 2011

Bon plan théâtral: le jeu de l'amour et du hasard à Mouffetard

Après une semaine pas très joyeuse, je vous propose un bon plan anti-morosité : une sortie au théâtre !

Le théâtre c’est pour les snobs qui se la jouent intello et ça coûte cher, me direz-vous. Ne niez pas, je vous entends ronchonner dans vos mentons gelés par le froid (brrrrrrr).
Je ne sais pas pourquoi le théâtre souffre de cette réputation. D’où vient que dans l’esprit de la plupart des gens le théâtre se limite à quelques comédies de boulevard, populaires et sans intérêt, ou à une flopée de créations obscures mettant en scène des concepts abstraits et peu réjouissant que personne ne comprend ?

Et pourtant…

Au théâtre comme au cinéma, vous trouverez de tout, du populaire au très intellectuel, du Feydeau au théâtre estonien surtitré, du très drôle au larmoyant, du musical, des marionnettes, des classiques, du moderne. Pour peu que l’on vive à Paris, l’offre devient vite incroyable. De nouveaux spectacles se montent chaque semaine et les programmations des différents théâtres parisiens changent très fréquemment. Les chiffres que j’ai trouvés sur la toile (à prendre avec des pincettes donc) indiquent 130 salles rien qu’à Paris pour plus de 300 spectacles par semaine, 450 en période de pleine activité!
Alors oui, vous n’avez que l’embarra du choix.
Et si ce n’était pas ça le problème en fait. Face à tant de diversité, comment choisir, à quel saint ou critique se vouer.
J’ai parfois la sensation en en discutant autours de moi, que les attentes des spectateurs sont bien plus importantes pour un spectacle vivant que pour un film. Pas le droit à l’erreur. Il semblerait qu’on soit beaucoup plus déçu de tomber sur un mauvais spectacle que sur un mauvais nanar.


Question d’argent ?


Pourtant, aller au théâtre peut ne pas être si cher que cela. D’abord de nombreuses réductions existent via des sites internet tels que billetreduc (le plus connu mais il y en a d'autres) ou via les théâtres eux-mêmes qui proposent des abonnements ou des tarifs réduits en particulier pour les théâtres subventionnés. Du côté du privé, les Théâtres parisiens associés, qui regroupe 50 théâtres, proposent des tarifs avantageux  tel que les « 1er aux premières », pour les premières représentations, des places jeunes pour les moins de 26 ans à 10€, des cartes de fidélités etc. Il suffit comme souvent de bien se renseigner.

Évidemment, aller au théâtre revient plus cher qu’une place de cinéma qu’on trouve assez facilement à tarif réduit via les CE, cartes d’abonnements et autres combines, mais – et c’est mon message – pas tant que cela !


Aujourd’hui je vous propose de vous rendre au théâtre Mouffetard, un lieu historiquement populaire.

(Pour ceux que l'histoire de Paris et des théâtres parisiens n'intéressent pas et souhaitent aller directement à l'avis sur la pièce de théâtre, allez directement à la fin de ce billet ou sur le site Froggy's delight.)

On parlait, la dernière fois, de l'époque Saint-Germain d'après guerre avec le théâtre de la Huchette et son fameux record de longévité et sa fidélité à Ionesco. Avec le théâtre Mouffetard on aborde une autre époque des théâtres parisiens, celle de la Rive Gauche, qui ne prendra fin qu'avec les années 80, la victoire du rock, du show business et de la starification, qui fait passer le monde du spectacle à un niveau plus commercial que militant.
Dans les années 60, la révolte prend forme et s'exprime par le biais de la chanson qui prend alors le pas sur la poésie livresque. Toute une génération d'artistes voit le jour grâce à l'augmentation du niveau de vie des classes populaires, la démocratisation de l'accès à l'éducation et à la culture. De nombreux cabarets fleurissent Rive Gauche à Paris. Dans le quartier de la Contrescape qui va de la rue Mouffetard, à la rue Descartes, en passant par la rue de la Montagne Sainte-Geneviève et les alentours, on compte alors pas moins de 17 lieux de spectacles! Il faut dire qu'historiquement ce quartier est celui des pauvres, des aventurier et des artistes, proche des quartiers étudiants et donc des éditeurs mais également de l'Assemblée nationale et du Sénat qui viennent s'y encanailler. Couplez à cela une qualité de logement plus que médiocre et un prolétariat (notamment algérien) omniprésent dans les années 60 et vous obtiendrez le quartier parfait à l'installation d'artistes, pauvres et militant.
Dans ce contexte, pas étonnant que le théâtre Mouffetard, né au début du XXème siècle, sous le nom de la "Maison pour tous" comme un lieu associatif militant contre la misère physique et morale devint après guerre un foyer d'action culturelle à l'origine de l'éclosion de la chanson dans le quartier.
On put y applaudir (entre autres) : Pia Colombo, Paul Barrault, Joêl Holmès, Catherine Sauvage, Simone Bartel, les 4 Barbus, Colette Chevrot, Beck et Marino, Cyril Dives, Fernand Raynaud, Jacques Brel, Pauline Julien, Georges Brassens, Luce Klein, René-Louis Lafforgue, François Deguelt, Bernard Haller, Anne Sylvestre, Yves Joly, Jean Ferrat, Barbara, Raymond Devos (qui fut un pilier du théâtre Mouffetard à ses débuts), etc.

Aujourd'hui le théâtre Mouffetard est subventionné par la ville de Paris (propriétaire du lieu) et se revendique comme un "un théâtre populaire au sens le plus noble de ce terme, ouvert à tous sans distinction d’âge, de niveau social, culturel ou financier" Je cite ici Pierre Santini qui dirige le lieu depuis 2003. Ce dernier a d'ailleurs annoncé qu'il quittait la direction du théâtre à la fin 2011 sans en spécifier les raisons. Peut être est-ce parce que si le théâtre reçoit de la ville des subventions dites de fonctionnement, et investit les recettes engendrées par les entrées des spectateurs dans la communication, en revanche rien n'est alloué à la création, encore moins à la production, malgré des demandes répétées aux instances compétentes. Le théâtre se contente donc de piocher parmi les (nombreux) spectacles déjà existants et qui s'empressent d'envoyer leur candidature chaque année, preuve de la renommée de qualité de sa programmation.



En cette fin d'année 2011, le théâtre Mouffetard devait présenter Les Emigrés de Slawomir Mrozek avec Pierre Santini et Joël Cantona. Cependant, suite à de nombreuses difficultés intervenues dès les premières répétitions, le projet a été annulé et reporté à une date ultérieure encore inconnue.


Et c'est là que le bon plan intervient car, pour remplacer ce spectacle au pied levé, le théâtre Mouffetard a rappelé une troupe qui avait connu un grand succès en 2008 à Mouffetard avec Le jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, dans une mise en scène de Xavier Lemaire.


Etant donné le peu de communication qu'il a été possible de faire autours de cette pièce mise à l'affiche à la dernière minute, de nombreuses réductions sont encore possibles (via billetreduc entre autre) pour une semaine environ.

Quand on considère la qualité de ce spectacle c'est une véritable aubaine!

En effet Xavier Lemaire propose une version modernisée, extraordinairement rythmée, mais sans sortir des sentiers battus, de l'excellente pièce de Marivaux, entouré d'une troupe très professionnelle et parfaitement rodée. Décor, costume, éclairage tout est simple, juste, enlevé. Les comédiens sont franchement tous excellents, ce qui est rare car dans une troupe, il y a souvent une vedette qui tire son épingle du jeu.

Autant vous dire que ce sont 2h de pur bonheur.

Je recommende ce spectacle à tous et en particulier aux réfractaires du théâtre qui considèrent toujours (et malgré mon petit laïus militant) que cette forme artistique est inaccessible (intellectuellement et financièrement) et rébarbative.

 Vous trouverez deux critiques, la mienne et celle faite en 2008 de cette pièce sur le froggy's delight.

Bonne lecture et bon spectacle!

Rendez-vous donc au théâtre Mouffetard du 16 novembre 2011 au 7 janvier 2012, du mercredi au samedi à 21h, dimanche à 17h

Relâches les 18 novembre, 25 décembre et 1er janvier

 
PS: Pour la partie historique, j'ai trouvé pas mal d'information sur ce site.

23 novembre 2011

Twilight: on en reparle dans 10 ans!

Récemment je lisais un livre où l'héroïne expliquait qu'elle avait compris être passé de l'adolescence à l'âge adulte en matière de relations amoureuses, en réalisant pourquoi Louise avait refusé la demande en mariage de son petit copain Jimmy dans le film Thelma & Louise. Parce qu'accepter de s'unir avec un homme capable de ravager une chambre d'hôtel sous l'effet de la contrariété et décidant de s'engager uniquement lorsqu'il comprend qu'il va perdre la femme qu'il dit aimer, ça peut paraître romantique à 20 ans, mais à 30 ça semble complètement stupide. Pour résumer, je dirais qu'on commence par aimer l'idée de l'amour avant de véritablement aimer une personne, ce qu'on appelle aimer, et pas s'engouffrer dans un cycle autodestructeur en devenant une simple moitié dépendante d'une autre.

Si je vous raconte cela, c'est parce qu'hier soir j'ai (enfin) visionné d'une traite (il faut bien que les arrêts maladie et les déplacements pro du bulot servent à quelque chose) les trois premiers épisodes de la saga Twilight et le moins que l'on puisse dire c'est que j'ai senti que je n'étais pas du tout, mais alors pas du tout, le cœur de cible visé par le sujet.

Attention, spoiler inside (vous lisez donc la suite à vos risques et péril).
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